Remonter Suivante

 

En commençant par la fin.

 

C’est entendu, j’irai consulter !

En ce bel après-midi de fin juillet 1970 je suis chez le spécialiste. A vrai dire j’ai toujours eu ce qu’on appelle une excellente santé et j’en ai profité pour mener une vie active.

Mais là, vraiment j’ai une gêne. « C’est l’intestin qui est mon point faible » disais-je à ceux qui me félicitaient de ma bonne santé.

Donc,  je vais consulter !

Et ce ne fut pas long : « vous avez un polype ; il faut le faire enlever. Mais je vais faire un prélèvement pour analyse ».Tout de suite j’ai pensé au cancer, ce mal dont on n’ose pas dire le nom et que je veux, que nous voulons, ma femme et moi, regarder en face.

L’analyse était positive mais les chirurgiens, en cette fin juillet, partaient en vacances.

Bref, cet autre après-midi, en quittant la clinique de la Celle Saint Cloud où j’étais allé consulter et qui, ne pouvant me recevoir, m’envoyait dans un hôpital spécialisé, j’étais fixé : j’avais un cancer à l’intestin, il fallait m’opérer d’urgence.

La Celle Saint Cloud n’est pas facile d’accès sauf en voiture et tous nos enfants, qui auraient pu nous conduire, étaient en vacances.

Nous revenions donc, ma femme et moi, par ces rues calmes, où l’herbe pousse sur les trottoirs, où les belles propriétés qui les bordent sont enfouies dans la verdure, où on ne rencontre personne et nous nous dirigions vers la gare.

Quel moment propice à la méditation !

Quelle surprise aussi. Habitué à mener ma vie active, en fonction de mon appartenance au Christ et dans son amitié, je bâtissais souvent des projets d’avenir.

Nos enfants étaient élevés, je me croyais en santé et déjà je me voyais chargé de nouvelles tâches, de nouvelles responsabilités, à un poste d’action et d’initiative.

Et puis, brusquement, le Seigneur me faisait signe : « Non, pas par là, tourne tout de suite à gauche et prends cette voie nouvelle. Tu ne seras plus actif mais passif soumis aux autres dans la maladie. C’est tout un changement, je le sais, mais viens où je t’appelle ! ».
Ah ! Seigneur, bien sûr que je ne m’y attendais pas. Je suis tout chancelant, tout dérouté, mais comment ferai-je au soir d’une vie toute emplie de la confiance en Vous, pour ne pas vous répondre « oui » et sans réserve, sachant bien, par expérience, que votre grâce ne nous manque jamais !

Et c’est ainsi que je suis entré dans une nouvelle phase de ma vie.
Et c’est ainsi que certains de mes enfants m’ont demandé de profiter de ces « loisirs » pour mettre par écrit la relation de certaines facettes d’une vie bien remplie et menée toute entière, avec ma chère épouse, dans la Lumière de Celui qui nous a dit : « Cherchez avant toute chose le royaume de Dieu et sa justice, le reste vous sera donné par surcroît ».
Et tant mieux si ça peut servir, si ça peut faire du bien !

 

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