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Cher Papa,

 

Tu m’excuseras de t’écrire au crayon mais nous sommes toute une armée à te parler et il n’y a pas assez de porte-plume. Je ne vais pas te parler de la maisonnée car il y en a bien d’autres qui t’en diront des nouvelles. Je vais parler un peu de moi : chacun pour soi et Dieu pour tous.

 

Je suis arrivé à Ande le Dimanche 7. Je plains le pauvre Yves qui a fait  550 km en vélo et avec une petite carte, cependant j’en ai fait 500 à pied et sans carte, ni argent.

 

Voilà l’épopée : nous sommes partis comme toutes les écoles le 14 juin. Nous avons eu un train qui a mis trois jours pour aller de Nantes à Tours. Nous avons été bombardés pendant tout le chemin. A Tours nous avons quitté le train et avons décidé de partir à pied et de marcher coûte que coûte. Nous avons  assisté au bombardement de Tours. Nous avons eu le plaisir de voir 3 avions ennemis abattus par la D.C.A.. Nous étions 12, nous nous sommes dispersés à La Chatre (où est la femme de monsieur Cassier) et nous avons continué le chemin à pied. Enfin après moult péripéties je suis arrivé à Ande pour la grand messe. Nous avons  voyagé 16 jours à 3, à pied et j’ai passé 6 jours au Puy chez un ami. Tu vois que je bats Yves au sport, qu’il s’essaye s’il veut, à me suivre. Et après avoir fait ce chemin j’ai un peu remonté le moral, ramené la joie, le sourire et même le fou-rire. Je vais aider et pour le moment j’ai coupé du bois pour l’hiver prochain dans l’ancienne forêt à mademoiselle Joseph.

 

Je vais aller me coucher alors je te quitte et t’embrasse bien fort.

 

                         Denys  ( 15 ans )


 

Mon cher Papa,

 

Je viens m’ajouter à la liste déjà longue de ceux qui t’écrivent, et je te griffonne en vitesse un petit mot, en attendant que mon déjeuner soit chaud.

 

Quel soulagement pour nous lorsque Denise nous annonça qu’il y avait des nouvelles plus fraîches de toi, mais surtout le mandat. Il faut te dire que c’est Denise et pas maman car nous étions, comme tu dois le savoir par les autres, en train « d’écimer » des grosses branches du bois de mademoiselle Joseph, il y en a qu’on prend facilement pour de petits arbres. Donc le mandat nous a fait faire la noce hier. Je vais te dire le menu : « soupe au vermicelle, bonne omelette à la farine, 2 œufs à la coque pour les 6 plus grands et 1 cuillérée de fraises des bois. Nous n’avons jamais si bien mangé ».

 

Je te remercie de m’avoir envoyé la lettre d’Anne-Marie que j’ai reçue hier. Je te quitte car mon déjeuner est chaud.

 

Je t’embrasse bien fort en espérant que je pourrai bientôt le faire pour de bon, ta fille qui t’aime

 

                                 Agnès  (16 ans)


 

Mardi 9 juillet

 

Mon cher Papa,

 

On a été très content de recevoir ton mandat et ta lettre. Depuis lundi on a été au bois de mademoiselle Joseph pour ramasser du bois mais avant il a fallu aller demander à monsieur Lebrun la permission de ramasser le bois, maman a été très contente quand elle a su que monsieur Lebrun avait dit qu’on pouvait ramasser tout ce qu’on voulait, alors depuis ce temps là, tous les jours on a été le chercher et on en a donné à mémé. Denys est arrivé Dimanche 7 juillet, il nous a surpris, il arrive en disant « bonjour,  j’arrive juste pour la messe de 10 heures ». Depuis ce temps là nous sommes tous heureux et alors quand on a reçu ton mandat et ta lettre on a été encore bien plus heureux. 

Aujourd’hui Blandine a été chez mémé et on a eu un kilo de beurre et on peut avoir 6 litres de lait et la chèvre donne 2 litres de lait alors ça nous fait 8 litres de lait en tout.

 

On se porte très bien tous, je t’embrasse bien fort ainsi que Yves.

 

Odile Bellut  (8 ans)

 

P.S. j’oublie, avant on n’avait rien qu’un litre de lait et 2 litres de lait de chèvre.

 

Odile Bellut.

 

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