Andelaroche le 17 Juin 1940
Mon pauvre cher Eugène
Je t'écris juste deux mots ,quoi mettre aujourd'hui ? Je veux simplement te dire que nous sommes encore ici. Il y a depuis deux jours un défilé de gens qui évacuent et de soldats, c'est démoralisant. Je viens d'apprendre qu'on demande l'armistice. Certains réfugiés nous disaient de partir, qu'ils sont à 40 km ! Enfin j'ai envoyé les garçons mais il y avait à peine une demie heure qu'ils étaient partis qu'un camarade d'atelier qui avait été envoyé à Lyon il y a quelques jours, venait nous dire qu'il fallait partir ce soir pour Roanne qui évacue. Il est parti à leur trousse essayant de les rattraper. Il pourrait avec sa moto, mais la route est tellement encombrée. Quand nous reverrons-nous ? Comme Yves m'a dit en partant "A la grâce de Dieu ". Bons baisers en attendant. Tu dois voir d'après mon écriture que je ne contiens pas bien mes nerfs.
Claire
Aucune lettre de toi, j'en ai reçu une de Denys avec 9 jours de retard. |