Andelaroche le 12 juillet
Cher Eugène Il est 19 h , en attendant que les enfants ( Denys, Agnès, Michel et Geneviève) reviennent de la cueillette des cerises, je griffonne un peu de façon à ce que j'ai une lettre remplie quand j'en aurai reçu une de toi et la donner au facteur à ce moment. Blandine est à Andelaroche pour acheter du pain car nous craignons d’en avoir trop juste pour jusqu’à lundi. En remontant elle doit passer chez Maman car on sait qu’elle a une lettre d’Emmanuel et Denise une de Serge et on veut en avoir des nouvelles. Comme j'avais dit à Maman que nous ferions le fête si je touchais l'allocation ( ceci avant d'avoir reçu ton premier mandat) nous le ferons dimanche. Nous nous réunirons donc et je m'aperçois que c'est le 14 juillet. L'année dernière nous allions t'attendre sur la route... (NDLR. Les années précédentes Claire était en vacances à Ivors dès le mois de juillet , alors qu'Eugène travaillait encore. Il venait passer les week-end en famille et le grand plaisir pour tous était d'aller à sa rencontre sur la route de Vaumoise, à pied bien entendu. Ce jour là Claire emportait pour le goûter des biscuits au chocolat. C'était la fête.) J’ai reçu ton deuxième mandat aujourd’hui. Je saurai faire attention à la dépense, mais tu sais les premiers jours nous mangeons à notre faim. Ce pauvre vieux Denys que j’étais obligée de rationner les premiers jours ! Comme je l'ai écrit à Yves, je vais rhabiller Denys quand j'aurai touché l'allocation. Sur ta dernière lettre datée du 4 tu me dis de te parler de Pierre. Tu ne sauras pas, quand tu le reverras, si c'est ton fils ou si je l'ai changé, car il n'est plus reconnaissable, il est très sage et rit beaucoup. Il me rappelle énormément Luc quand il est dans son chariot à 2 mois. Hier soir j'ai pensé à toi en me couchant car il fallait éviter le bruit pour ne pas qu'il se réveille...ça t'aurait mis de charmante humeur surtout en ce moment que tu es au bord de la mer, si elle te produit toujours le même effet. Tu n'as vraiment pas de chance d'être allé juste là; il est vrai que les circonstances sont loin d'être les mêmes. Je t'ai parlé des grands et du tout petit. je continue par le groupe des 2-8 et 2-6 et 3 ans. C'est à dire Odile, Marie-José -Luc - Annick et Jean. Ils jouent tous ensemble bien gentiment devant la cuisine et le bûcher. Jean vient de rentrer en me disant : " Tu ne mets pas la table. Pourquoi ? ". Son estomac réclame, alors je termine et finirai un autre jour du reste il va bientôt être 7 h1/2. Peut être demain m'apportera-t-il une lettre de toi ? Enfin il faudra que je m’habitue à cette nouvelle façon de faire et de craindre de te rendre ridicule en recevant des lettres comme un jeune marié, c’est sur ta façon de faire que je me base. .’samedi 13, Nous venons de terminer de déjeuner; en attendant que le thé soit fait, je griffonne un peu pour le cas où le facteur nous apporterait quelque chose, je lui donnerais cette lettre en échange. Denys a été ce matin à Lapalisse et s'est acheté son costume, il s'en est bien tiré. Il nous a acheté aussi des cigarettes car je me remets à fumer, il y a si longtemps que je ne le faisais plus. C'est un petit plaisir que nous nous permettons.
Les bagages
finiront peut-être par arriver car hier Denys y a été et on lui a dit que ça
recommençait à arriver. Qu'Yves envoie au plus tôt le bulletin qu'il doit avoir
gardé.
Claire
22 h30 - Je vais aller me coucher mais je viens tout de même mettre un mot sur ce papier. Je ne sais si c'est demain que je l'enverrai, mais ce que je sais c'est que le facteur ne nous a encore rien mis aujourd'hui. Peut-être êtes-vous rentrés à Puteaux ? Au revoir, bonne nuit. Il est loin le temps où mon mari m'écrivait tous les jours.
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